Julia Derossis est responsable clientèle et responsable du pôle conseil et communication pour Overscan. Overscan est l’une des premières agences de communication digitale née à Clermont il y a 30 ans cette année. C’était le début d’une histoire faite de paris et de prise de risques pour cultiver sa capacité d’innovation. Ce en quoi Julia Derossis, membre du Club Open Innovation avant même sa création officielle, se retrouve parfaitement.
Overscan, une histoire faite de paris
En 1992, Overscan était dédiée à la conception graphique et au multimédia… et quand Internet est apparu, elle a saisi l’opportunité de se positionner sur la création de sites internet. Puis sont arrivés les premiers projets d’applications mobiles et l’histoire un peu folle des objets connectés apportée par le groupe SEB qui a sollicité Overscan pour connecter ses objets. L’agence n’avait encore jamais exploré le monde de l’IoT et le Groupe SEB nous a permis de monter en compétences dans le domaine. A tel point que nous sommes devenus leader sur le marché français avec une notoriété qui nous a valu d’autres projets avec de grands noms comme Petzl, Somfy mais aussi de nombreux startupeurs.
Quel est ton parcours ?
Julia Derossis
Je suis entrée chez Overscan au départ juste pour contribuer à l’organisation d’un gros événement pour la Fédération Française du Bâtiment, “Tête à casque”. Je n’en suis plus repartie. Mon poste initial était centré sur le développement commercial. C’est toujours le cas aujourd’hui mais il a évolué avec moi !
Nous avons identifié assez vite que nos clients qui ‘commandaient’ un site Internet pouvaient avoir besoin d’un accompagnement à la réflexion stratégique en amont. Un site est un outil au service d’une stratégie. Il a des chances d’être plus pertinent s’il est l’aboutissement d’une démarche plus globale, qui a permis de bien comprendre les cibles et leurs besoins. C’est donc un rôle que nous avons progressivement renforcé et structuré pour être en capacité d’être force de proposition et de méthodologies participatives auprès de nos clients. C’est devenu quasi systématique. Même pour un logo, on peut être amené à challenger un cahier des charges.
Nous remettons toujours l’utilisateur ciblé (démarche user centric) au cœur de la réflexion … c’est un réflexe qui est souvent perdu de vue quand on rentre dans la démarche technique, la rédaction d’un cahier des charges dans lequel on décrit des fonctionnalités, des besoins … Notre intervention permet alors de reprendre de la hauteur et de s’aligner sur ses vrais objectifs stratégiques. Développer ce rôle de conseil est ma deuxième activité, très complémentaire à la première.
Cette posture ‘user centric’ est l’un des fondements de l’innovation. Quelle part a-t-elle dans ton job au quotidien ?
Pour une agence digitale, il est complètement indispensable d’être toujours à la pointe, donc l’innovation, c’est au quotidien. Nous sommes en constante veille sur les technologies émergentes en France, en Europe et dans le monde. Sur des prestataires de confiance aussi, il y a beaucoup de solutions émergentes dont il faut s’assurer de la fiabilité. Notre objectif étant de pouvoir garantir une chaîne de valeur complète et fiable pour nos clients.
Cette curiosité permanente s’appuie sur une vraie culture d’entreprise : nous sommes une équipe de 23 personnes, très stable avec un fort sentiment d’appartenance. Les gens se connaissent bien, sont très impliqués, se forment beaucoup tout le temps. C’est un socle sécurisant. A chaque prise de risque, la décision est partagée en équipe et avec la direction, ce qui permet rapidité et fluidité. Par exemple, un de nos développeurs a proposé de tester les beacons (*une balise, capable de communiquer sans fil avec d’autres périphériques basée sur la technologie Bluetooth, capable de fournir de nombreux types d’informations). On l’a mis en place avec un client de confiance et il a été très séduit par la technologie. Cela nous a permis de déployer la technologie pour d’autres acteurs du tourisme de la région.
La confiance, socle de l’innovation
Julia Derossis
C’est un triptyque qui fonctionne toujours de la même manière: une idée, une validation équipe et direction puis une proposition au client.
Sans vouloir le flatter, cet état d’esprit est très lié au management de Filipe Pereira, notre DG. Le mot est un peu galvaudé mais il y a une vraie culture de la bienveillance et du respect des équipes. Un bon exemple me semble être le fait qu’on pratique très peu les heures sup chez Overscan. Dans les agences de com, c’est assez rare je crois. Nous sommes assez nombreux et bien organisés pour ne pas être débordés en permanence. Bien sûr, il peut y avoir des moments de surcharge mais ce n’est pas structurel.
Il y a aussi une culture de la remise en question, pas douloureuse mais continuelle : on revoit nos process régulièrement et quand on le fait, c’est toujours ensemble, en ateliers, tout le monde est associé aux réflexions sur nos interactions internes par exemple et les moyens de les rendre plus efficaces. Filipe intervient en tant qu’initiateur et valideur de la réflexion.
De quoi es tu la plus fière aujourd’hui ?
J’ai beaucoup aimé le projet sur lequel nous avons travaillé avec la mairie de Thiers qui illustre bien notre approche. Il s’agissait de refaire leur site internet et nous les avons accompagnés bien en amont, avec un travail collaboratif avec tous les services de la Mairie concernés. Non seulement cela permet d’aboutir à un projet bien aligné avec les besoins des services et des usagers mais aussi de fédérer en interne et d’accompagner une transformation d’organisation
Je trouve que cette approche fonctionne vraiment bien, et qu’elle correspond bien aux besoins de nos clients.
Quels sont tes principaux futurs challenges ?
Je voudrais développer cette partie conseil et pouvoir recruter davantage, nous avons déjà deux alternantes qui nous apportent beaucoup et l’idée est de pérenniser le service. Le management est une vraie expérience que je souhaite consolider: apprendre à déléguer, à lâcher prise, à accepter les différences de manière de faire,… de transmettre aussi.
Tes outils méthodologiques préférés ?
Julia Derossis
Etrangement, je suis très paper board ! Je refuse d’animer des ateliers à distance. Pour moi, il est hors de question que je ne vois pas les gens, j’ai besoin de leur réactions, de leur langage corporel … j’utilise beaucoup le jeu, les post it, le mélange des profils, en sous groupes en mêlant les services.
Pour moi, sur ces temps de travail collaboratifs, le plus important est de changer les codes. De créer une forme de déstabilisation au départ, parfois jusqu’à la limite du conflit … La remise en question est nécessaire pour avancer et pour cela, il faut sortir de sa zone de confort et de ses réflexes.
Je suis autodidacte sur tous ces sujets en participant à des formations, en faisant de la veille, des recherches Google et bien sûr au travers du Club Open Innovation du Connecteur qui est très inspirant. J’utilise au quotidien plusieurs outils pour mener les projets de conseil : Trello pour la gestion de projet et les échanges avec les clients, whimsical pour la structure des contenus de sites, applications et supports papiers, Guru pour les gestion des équipes, puis on s’adapte aussi aux outils de nos clients (Teams, Google Drive, slack..)
Tu es membre du Club Open Innovation du Connecteur depuis 3 ans. Qu’est ce que tu es venu y chercher et qu’est ce que cela t’apporte ?
Julia Derossis
J’ai fait partie du groupe constitué pour élaborer la proposition du Club. C’était une grande fierté pour moi. J’ai intégré le premier groupe mais j’ai dû le quitter pour partir en congé maternité. Il faut comprendre le fonctionnement du Club. L’un de ses principes fondamentaux est la totale confiance entre membres. C’est la raison pour laquelle chaque groupe est stable sur une saison. C’est important parce que nous pratiquons le codéveloppement. C’est-à-dire que chaque membre peut soumettre une problématique à laquelle il est confronté et recueillir l’avis et les apports des autres membres. Pour partager de vraies problématiques, on s’expose quand même un peu, d’où cette confiance indispensable. C’est pour cette raison que je n’ai pas pu réintégrer le premier groupe qui avait déjà créé un cercle de confiance solide mais attendre la création d’un second.
D’abord de la confiance
Et j’y trouve vraiment beaucoup de ressources. De la confiance d’abord. J’avais au départ un léger problème de sentiment d’imposture ! Je suis chargée d’affaires, pas responsable innovation. Mais en réalité, je me suis aperçue que ce n’était un sujet que pour moi.
Le fait de soumettre des problématiques personnelles et de recueillir les feedbacks très bienveillants de grosses boîtes a été très inspirant et m’a beaucoup confortée dans ma posture.
On y découvre aussi que les problématiques sont sensiblement les mêmes quelle que soit la taille de l’entreprise. Enfin, on peut se nourrir des pratiques des autres, les adapter…
Nous avons aussi expérimenté un serious game ‘l’année de l’innovation”. Je l’ai fait avec Filipe, c’était hyper intéressant de jouer en équipe à manager des projets d’innovation, à gérer les flux, les étapes, prendre des décisions stratégiques, managériales … de se confronter à nos propres pratiques et finalement de se rendre compte qu’on a des acquis ancrés qui nous permettent d’innover au quotidien!
Le COI, comment tu l’expliques à ceux qui ne connaissent pas ?
Un club qui regroupe des membres de plein de secteurs différents et qui permet de bénéficier d’une vraie diversité de points de vue. Un club qui favorise le partage d’expériences et l’acquisition de méthodologies pour s’améliorer. Et enfin, un club qui facilite l’ouverture et la prise de conscience de la richesse de ce qui nous entoure. Notamment grâce aux Dej Open Inno qui donnent la parole à des acteurs souvent très intéressants.
Et puis, il est aussi très bien guidé par Emmanuelle Collin et Virginie Rossigneux. Elles m’inspirent beaucoup pour les ateliers que je mène avec mes propres clients.
Tes conseils pour un débutant de l’open innovation ?
Julia Derossis
Peut être deux conseils principaux
- on n’avance jamais seul dans l’innovation : il faut donc s’entourer, trouver des points d’appui en interne, des personnes curieuses, intéressées, … ou en externe, en intégrant le COI. Le fait d’être entouré permet plusieurs choses : bien comprendre son écosystème, mettre en perspective le contexte dans lequel on doit agir, identifier les ressources accessibles.
- ne pas foncer tête baissée ! La première étape est – comme toujours- de définir ses objectifs quitte parfois à challenger ceux fixés par la direction. S’assurer qu’ils soient raccords avec les moyens, identifier les valeurs apportées à chaque étape et, baliser, justement prévoir des étapes intermédiaires, avant d’arriver au rendement. C’est le travail que nous avons réalisé avec les membres du COI sur les KPI (key performance indicator) Le premier objectif est de rendre lisibles les objectifs stratégiques et les livrables qui peuvent y être reliés.
Tes inspirations
Créapills c’est un site magazine dédié à la pub très inspirant. Je rêve qu’on suscite un buzz tel avec un client pour être cité dans la newsletter de Creapills.
Le Connecteur m’inspire pas mal aussi, sur la création en Auvergne (NDLR : Merci 😉
Nos clients, start up ou pas, qui nous exposent leurs idées. A chaque fois, je me dis mais quelle idée et quel courage ! je suis admirative…