Faycal Hamza est un un entrepreneur au parcours atypique. Après plusieurs années dans le secteur de la banque il décide de se lancer dans une nouvelle aventure qui va le sortir de sa zone de confort. Businessman accompli, il sait prendre le recul nécessaire et garder la tête froide.

 

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Tu es aujourd’hui dirigeant de AuverFrance. Peux tu nous parler de ton parcours ? 
 

Je suis diplômé de l’Université d’Auvergne, en gestion de PME  depuis un peu plus de 10 ans. Après mes études, j’ai travaillé pour un groupe bancaire pendant plusieurs années en enchaînant les CDD.
On m’envoyait dans les agences des zones rurales où personne ne voulait aller. On m’a fait des promesses d’évolution et un jour les CDD ont cessé et on m’a gentiment dit au revoir.
Suite à cela un ami m’a proposé de travailler avec lui comme manœuvre dans le déménagement pendant la haute-saison un été.
C’est de cette expérience que l’idée de monter notre propre boîte a fait son chemin dès 2012. Nous nous sommes associés à une autre personne et nous avons débuté en 2013. Il a fallu que nous passions l’examen obligatoire pour créer une activité de déménagement ce qui a pris un peu de temps.

Quelles sont les premières étapes quand on crée sa boite ?

Je sortais d’une formation gestion de PME mais je ne savais pas forcément comment faire. Mon professeur de comptabilité avec qui je m’entendais bien et qui avait son propre cabinet m’a accompagné et orienté. J’ai suivi ses conseils et ça s’est fait comme ça.

Tu es sorti du confort du salariat. Qu’est ce qui est le plus gratifiant et le plus compliqué ?

Le plus compliqué…. Le repos.. Tu n’en n’as pas beaucoup. Le concept de week-ends ou de congés il faut oublier les premières années. Il y a aussi l’aspect salarial. Je ne me suis pas rémunéré pendant un an et demi. J’avais mon chômage mais pas de salaire.
Le plus gratifiant… c’est de te dire que sept ans après tu es toujours là et que ça fonctionne bien. Je n’ai pas à me plaindre.

Comment a réagi ton entourage face à ce virage à 360° ? 

Je fréquentais des gens issus du milieu bancaire, ils n’ont pas forcément compris que je ne cherche pas un autre emploi dans ce secteur. Pour la famille aussi, c’est une crainte, c’est du stress supplémentaire.

Travailler seul ou à trois c’est très différent comment s’organise-t-on pour que tout se passe au mieux ? 

Nous avons créé nos fiches de postes respectives. Une personne en charge de la gestion administrative et commerciale et deux sur le terrain. Je m’occupais de la partie administrative.  Toutes les décisions stratégiques se prenaient à trois. 
Au bout d’un an et demi mes deux associés sont partis. Le premier parce qu’il avait une vision différente de l’entrepreneuriat. Être auto-entrepreneur c’est une chose, monter une PME c’en est une autre. Plus de charges, plus de contraintes. Et le second a créé sa propre activité. Et puis lorsque l’on est associé, il peut y avoir des divergences d’opinions. 

Si on reparle des débuts de l’entreprise. Comment est-ce que l’on fait pour se faire connaître et décrocher les premiers contrats ? 

Dans beaucoup d’activités aujourd’hui, il existe des bourses de devis.  Vous savez ? C’est quand on vous propose de remplir un formulaire en ligne et  que vous recevez sous quelques jours cinq propositions différentes. C’est très courant dans le déménagement et ça représente à peu près 80% de mon chiffre d’affaires.
Au départ nous n’avions pas un euro pour faire de la communication. On a fait avec les moyens du bord. Une page Facebook, des partenariats avec des agences immobilières et des comités d’entreprises. 

Comment s’est développée l’entreprise ? 

Au début nous étions trois. Un des associés est parti au bout d’un an. La deuxième année on a doublé notre chiffre d’affaires et on a embauché une personne. Mon deuxième associé s’en est allé.  Je suis passé de 100 000 euros à 300 000 euros de chiffre d’affaires. 
Maintenant, nous tournons autour de 400 000 euros de CA et entre six et neuf salariés. J’ai fait le choix de ne pas vouloir être trop gourmand. Je ne prends que l’activité que je peux gérer avec mon équipe fixe.

Aujourd’hui tu vis à Saint-Jacques et ce qu’il y a des facilités pour les entrepreneurs des quartiers ou au contraire des obstacles supplémentaires ?

J’ai grandi à Beaumont avant de déménager à Saint-Jacques. J’ai pu participer à différents concours comme « Talents des cités » et « Ouvre-boite ». D’ailleurs, j’ai été lauréat des deux concours pour finir par intégrer le jury d’Ouvre-Boite pour quelques éditions. Je voulais faire bouger les choses, porter un message. 
J’ai aussi incité plusieurs entrepreneurs des quartiers à s’inscrire. L’As de l’auto, le p’tit pain, Renov’habitat et Allo Tacos notamment.

Justement quels conseils peux tu donner à un futur entrepreneur ? 

S’il croit  à son projet il faut qu’il se lance mais aussi se poser la question «Pourquoi je le fais ? ”. Si c’est purement financier, il risque d’être déçu parce que la rentabilité, ça prend du temps et il ne faut pas avoir peur de l’échec.  Aujourd’hui je connais des entrepreneurs qui font 80 heures par semaine pour une rémunération de 2000 euros net par mois. Dans ce cas il faut mieux rester salarié.
Le meilleur conseil que je puisse donner c’est de savoir bien s’entourer. Le choix du banquier, du comptable, de l’assureur, les partenaires et les employés. Il n’y a pas de bons ou de mauvais, c’est une question de « feeling ». Si tu es dans une démarche où tu veux du très « carré », alors il faut qu’ils soient très carrés.  Il faut trouver les profils qui te correspondent sinon il va y avoir des conflits et des clashs. 

 Qu’est ce qui te rend le plus fier aujourd’hui ?

Il y a des entreprises dans lesquelles j’ai travaillé qui n’ont pas cru en moi. Alors là c’est un peu une revanche. 
Sur le volet social, je fais ma part pour essayer d’améliorer l’image des quartiers et accompagner d’autres entrepreneurs pour développer leur chiffre d’affaires.

C’est à dire ?

J’ai un bureau à Saint-Jacques où l’on peut passer pour avoir des conseils. Ce que mon comptable a fait pour moi je le fais pour eux. Je leur rends la pareille.  
Tout le monde peut faire ce que j’ai fait, et tout le monde peut faire mieux que moi. Il faut simplement être bien aiguillé.

Quel est ton échec le plus marquant ?

L’association à trois. Au final, c’était une mauvaise idée. Au départ, ça m’a rassuré parce que j’ai pensé qu’on allait pouvoir s’entraider. Je n’étais pas du métier, je passais de la banque à déménageur, avoir de professionnels du secteur avec moi ça faisait sens. 
Un autre point très important et que j’essaie d’expliquer aux gens, c’est qu’il ne faut pas être attaché à son entreprise. Certes, il faut se battre tous les jours mais si demain ça ne marche pas ce n’est pas dramatique. Il y a des choses plus grave dans la vie. Il faut savoir prendre le recul nécessaire.
Le jour où ça ne fonctionne plus j’arrêterai. Je me battrai mais si je perds la bataille ma vie ne va pas s’écrouler.

Maintenant c’est carte blanche. Quelque chose à ajouter ?

Il faut continuer d’encourager les entrepreneurs des quartiers (et tous les autres)  à prendre leur destin en main pour faire aboutir leur projet. 
Une entreprise elle a besoin de beaucoup d’ingrédients pour vivre et perdurer. Une entreprise elle a besoin de ses employés, de ses clients et de ses partenaires.  Sans eux on n’est rien. 
Il ne faut pas non plus négliger les stagiaires, ils peuvent réaliser de super projets. Mon site internet c’est mon stagiaire qui l’a développé et il l’a fait exactement comme je le souhaitais.

Rien d’autre ? 

Encore une fois,  je voudrais remercier mes employés et mes partenaires et les stagiaires qui sont passés par mon entreprise.
Et puis one, two, three,…. ! (ndlr les passionnés comprendront).

Pour en savoir plus : http://auverfrance.fr

 

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