Passionnée par les secrets de la pâtisserie et la chocolaterie depuis son adolescence, Samira Fatihi a choisi de sauter le pas et de se lancer dans son aventure entrepreneuriale. Un projet mûrement réfléchi pour cette jeune femme pleine d’ambitions. Rencontre.

 

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Samira pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours. Celui qui  vous amène aujourd’hui à créer votre entreprise ?

 J’ai un parcours un peu particulier. Lorsque j’étais en 3ème, j’ai été faire mon stage de découverte d’entreprise dans une boulangerie industrielle. Ça m’a tout de suite plu et j’ai choisi de me diriger vers CAP Pâtisserie au Lycée Professionnel de Brassac Les Mines. Là-bas j’ai vraiment trouvé un moyen d’expression. J’étais toujours dans les premiers de la classe. J’ai eu mon CAP en terminant première sur tout le Puy de Dôme.
Ensuite, j’ai passé un CAP chocolaterie et j’ai travaillé dans une grande chocolaterie à Clermont-Ferrand. Parallèlement à cela, je suivais une formation BTM (Brevet de Technicien des Métiers), mais malheureusement je n’ai pas pus passer l’examen final suite à des problèmes personnels.

J’ai eu mon CAP en terminant première sur tout le Puy de Dôme.

Et ensuite ?

A la suite de mon CAP, la chocolaterie m’a embauchée et j’y suis restée seize années. Je suis passée par tous les postes, j’ai grandi dans cette entreprise.
J’ai débuté dans la pâtisserie, puis je suis devenue Responsable chocolaterie. Pourtant à la fin je ne m’y retrouvais plus, c’était devenue une production industrielle. Fabriquer en grosses quantités, j’avais l’impression d’être une machine à macarons. 
Aujourd’hui je sens que c’est le moment pour moi de sauter le pas et de mettre à mon compte. Cela fait onze ans, depuis la naissance de mon premier enfant, que je me répète que je devrais créer mon entreprise.  

Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Je crois que j’étais mal informée, ou plutôt pas informée du tout. L’aspect financier était très obscur pour moi, je ne pensais pas que c’était possible. Au final, je n’ai pas vraiment creusé le sujet.
Maintenant que j’ai fondée ma famille et que mes enfants sont plus grands, j’ai envie de m’épanouir en étant à mon compte.

Et donc quel a été le déclic ?

Le déclic je l’ai eu grâce à une formation que j’ai débutée en novembre 2018 avec le CIDFF. J’ai découvert les dispositifs qui existaient pour accompagner les  créateurs d’entreprises. Nous étions douze femmes entrepreneures à différents stades dans la création, certaines comme moi, d’autres plus avancées. Ça nous a permis de nous entraider, nous sommes devenues onze copines.

La formation m’a vraiment ouvert les yeux. On m’a éclairé sur le parcours, on m’a bien expliqué que c’était possible et que je pouvais y croire.
Parfois en tant que femme, on peut se sentir seule, trouver les démarches laborieuses et difficiles.  Peut-être qu’en tant que femme on baisse plus facilement les bras aussi, la gestion du quotidien nous rattrape.
Aujourd’hui je suis accompagnée par la Chambre des Métiers de Chamalières. Ils ont vérifié la faisabilité de mon projet et m’ont orienté vers les bonnes personnes lorsque j’en avais besoin.

Que se passe-t-il une fois que l’on a pris la décision dans sa tête. Que l’on est sûre de soi ?

Il faut avant tout bien réfléchir son projet. Dans mon cas c’était très clair. Ce sera de la pâtisserie, de la chocolaterie, de l’évènementiel et  des gâteaux type wedding cake. Je propose déjà ce style de pâtisserie à mon cercle familial et amical.
Ensuite ce qui compte, c’est la recherche du local, c’est primordial. Trouver le local qui soit compatible avec le projet ou inversement.
Pour ma part, j’ai fait une étude de marché dans le quartier que j’avais ciblé, et j’ai rapidement réalisé qu’il fallait que j’adosse à mon activité de pâtisserie un point boulangerie.
Ne pas le faire serait une erreur. Il n’y a aucune boulangerie dans le secteur. Il faut que je puisse proposer cela à ma clientèle. Du coup, je vais embaucher un boulanger. C’est le mari d’une amie, ça reste très familial comme projet.

Vous m’avez dit avoir un local bien spécifique en tête. Pourquoi vous avez choisi cet endroit ?

Ce lieu à une histoire pour moi. Lorsque j’ai commencé la pâtisserie au lycée, le week-end je travaillais dans cette boulangerie pour avoir un peu d’argent de poche et me payer mon billet de train jusqu’à Brassac-les-mines. Lorsque j’ai débuté mes recherches je suis allée faire un tour dans la rue et le local était à l’abandon.
Je suis originaire des quartiers Nord, j’ai envie de redonner vie à ce commerce. C’est un coup de poker, le quartier est dynamique mais la rue est un peu morte.
J’ai cherché le propriétaire, ce fut laborieux mais finalement j’ai pu entrer en contact avec lui. Ça faisait dix ans que le lieu était à l’abandon. Mon mari m’a dit « Tu vois il t’attendait depuis tout ce temps ».

Où en êtes vous aujourd’hui ?

J’attends la réponse de la commission pour la vente du local. Si ça passe, je vais signer le compromis de vente et ensuite débuter les travaux. J’ai déjà fait établir des devis. Je sais qu’il y a beaucoup à faire mais quand je crois à quelque chose je m’y mets à 300%, je suis une fonceuse, d’ailleurs j’investis tout ce que j’ai.

Avant la formation, est-ce que vous aviez des bases de gestion ?

Pendant ma formation BTM, j’avais déjà travaillé sur le business plan et là au CIDFF nous avons eu des interventions de France Active où l’on a approfondi le sujet et découvert aussi tous les acteurs de la création d’entreprise.
D’ailleurs de nombreux professionnels sont intervenus pour nous éclairer. Nous avons rencontré des banques, des juristes, des comptables, une psychologue… Anas Dadir avec Askip nous a accompagné sur le volet communication et l’importance des réseaux sociaux pour développer son activité.

Aujourd’hui qu’est ce qui vous motive le plus ?

C’est l’idée de créer, de monter quelque chose et d’enfin accéder à mon rêve. C’est un peu comme avoir un autre bébé. On le porte du début jusqu’à l’ouverture. Gérer la production et la clientèle, ça c’est vraiment l’aboutissement du projet.
Lorsque j’ai quitté mon emploi, tout mon entourage m’a dit « ha enfin ! ». Au final, je me suis créée mes propres barrières, parce que tout le monde pensait que j’avais les capacités pour concrétiser ce rêve. Mon mari, ma famille, mes amis, ils sont tous derrière moi.

Est-ce que tu as un modèle, une personne que tu admires dans ton secteur d’activité ?

Celui qui m’inspire le plus c’est Philippe Conticiniil est parti de rien, il s’est battu toute sa vie et aujourd’hui ce qu’il propose c’est véritablement de « la pâtisserie d’émotions. »

C’est-à -dire ?

Un gâteau ce n’est jamais qu’un simple gâteau, c’est une manière de communiquer et de partager. A travers la pâtisserie, je veux créer des émotions, je veux sublimer des moments en famille ou entre amis.
Confectionner un gâteau d’anniversaire pour un enfant avec son personnage de dessin animé préféré. Voir des étoiles dans ses yeux quand il le découvre, c’est la plus belle des récompenses.


Cet amour de la pâtisserie je l’ai en moi depuis toujours. Je n’ai jamais eu envie de me diriger vers autre chose. Je ne sais faire que ça et je n’aime que ça.

Qu’est ce que tu pourrais conseiller aux femmes entrepreneuses.

Déjà, il faut faire tomber ses propres freins. Si notre projet est solide on sera toute aussi crédible devant un banquier. Je pense aussi que les femmes entreprennent différemment. Créer une entreprise un forcément un impact sur notre vie personnelle et familiale, et nous en sommes très conscientes. Peut-être que nos projets sont plus réfléchis parce que nous avons passé plus de temps à le construire.
Pour moi cette entreprise c’est un aboutissement personnel. Je n’aurais jamais pensé rester salariée aussi longtemps. J’ai toujours été une meneuse. Le confort du salariat c’est bien, mais moi ce que j’aime, c’est la prise de risque.
Ce projet je le porte en moi, j’y crois et je fais tout pour que ça marche. Je sais que le choix du local est un pari, c’est quitte ou double, mais ce choix c’est le mien. Peut-être que je vais me casser la figure mais je ne veux pas avoir de regret.

Et l’ouverture c’est pour quand alors ?

Avant Noël j’espère. On vous tiendra au courant !

[Au moment de la parution de cet article la commission a rendu un avis favorable pour la vente du local. Affaire à suivre]

 

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