Clermont sous 50 degrés, c’est le titre de la nouvelle saison de rencontres organisées sous la bannière « Par ici la résilience » et animées et racontées par Tikographie. Un titre assez accrocheur pour aborder la question du changement climatique. Non plus sur le constat ou sur les moyens de faire bifurquer les trajectoires (l’atténuation) mais sur l’adaptation aux conséquences d’un changement climatique qu’on sait désormais inévitable.

« Ces deux objectifs sont largement interdépendants. Ils doivent donc être pensés dans une vision d’ensemble afin de réduire à la fois nos impacts futurs et nos vulnérabilités présentes. Cependant, chacun renvoie à des registres d’action différents, appelant des réponses techniques, politiques, sociales qui ne sont pas les mêmes. Et l’articulation en est d’autant plus délicate.« 

Eau, végétalisation, agriculture, événements extrêmes

Ce seront 5 rencontres thématiques, clôturées par une 6ème qui donnera la parole à Olivier Bianchi. Elles sont structurées autour d’un questionnement ‘localisé’ sur la métropole clermontoise. Et centrées sur les impacts sur nos modes de vie et les leviers disponibles, concrets, pour se préparer au mieux, collectivement et individuellement.

La première rencontre concernait le confort thermique des bâtiments face au réchauffement climatique. Les suivantes se succèderont à raison d’une par mois, accessibles à tous, gratuitement, à la librairie des volcans.
– 21 février : le petit cycle de l’eau, du prélèvement amont au traitement aval
– 13 mars : îlots de chaleur et végétalisation de l’espace public
– 11 avril : se préparer aux événements météo extrême
– 15 mai : les ceintures maraîchères et l’agriculture de proximité
– 12 juin : Clermont sous 50 degrés, perspectives citoyennes et politiques

Épisode 1: Le ‘nouveau’ sujet du confort d’été

Pour cette première rencontre, Damien Caillard avait réuni Rémi Chabrillat, adjoint au Maire de Clermont et Président de l’Adhume, Cindy Vernet, de Rénovaction 63 et Stéphane Weber de Mon habitat positif. Trois points de vue complémentaires pour évoquer ce sujet somme toute récent, apparu avec les premières canicules à incidence sanitaire (2003).

L’animation assurée par Damien est enlevée et méthodique. Une fois posé l’enjeu, on fait le tour des leviers, de leurs limites, on prend le temps d’expliciter les termes, de creuser les idées reçues. On fait un focus sur la problématique des bâtiments publics, sur les aides accessibles et enfin, les principaux enjeux et freins à lever. La rencontre est ponctuée de petites séquences vidéos, notamment d’Alexandre Letort de Météovergne et de Vincent Cailliez. Le constat est ainsi posé: l’accélération de l’augmentation des températures extrêmes, et surtout l’élargissement des périodes concernées. Bref, le problème du confort d’été s’installe durablement.

La salle, au cœur de la librairie des Volcans, est comble. Le public dont on devine qu’il est globalement averti, est attentif, curieux et généreux en questions et partage d’expériences.

Tikographie publiera la semaine prochaine un compte rendu totalement exhaustif avec tous les liens utiles (à venir), ce qui nous permet un compte rendu beaucoup plus arbitraire des éléments qui nous ont frappés.

Quelques enseignements

  • 2/3 des bâtiments qui seront occupés en 2050 sont déjà construits. Seuls 1 à 2% du parc étant renouvelés chaque année, l’enjeu de la rénovation est majeur.
  • L’approche doit changer. Elle s’est concentrée jusque là sur l’économie d’énergie et donc l’isolation thermique. Or, si les techniques et les matériaux sont différents, ils devraient être appréhendés en même temps, pour un gain d’efficacité.
  • Les paramètres qui entrent en ligne de compte sont l’orientation, l’isolation et la ventilation. Sur chacun, des leviers existent, ils sont, le plus souvent, à combiner pour obtenir une baisse de température significative.
    • l’exemple de la végétalisation pris par Rémi Chabrillat est assez marquant. « Un arbre, c’est bien, un arbre et des arbustes, c’est mieux, et un arbre, des arbustes et un sol en herbe c’est encore plus efficace et peut permettre d’atteindre une baisse de 3 à 4° ».

La question de l’habitat collectif

  • Les solutions mobilisables paraissent très différentes selon que l’on pense habitat individuel ou collectif.
    • ce pour des raisons techniques mais également de faisabilité. Les syndics, premiers prescripteurs des copropriétés, ne sont pas complètement à la hauteur des enjeux, en termes d’acculturation, de compétences etc.
    • Au-delà, une architecte présente dans l’auditoire, relève un besoin d’ingénierie financière pour accompagner les investissements. Elle constate que, sans appui spécifique sur le sujet du financement, les copropriétés reculent devant la difficulté à s’accorder pour financer.
    • on relève aussi la difficulté de transformation renforcée par les ABF dans les centre-villes. Une évolution de la philosophie de préservation semble totalement nécessaire pour permettre aux coeurs de ville, particulièrement concernés par les ilots de chaleur, de mettre en oeuvre de solutions d’atténuation.
  • Un enjeu fréquemment évoqué et qui demeure entier est celui de la disponibilité des artisans pour réaliser ces transformations. De plus, le niveau de compétence requis n’est pas garanti et la situation de pénurie de main d’œuvre continue de s’aggraver.
  • Enfin, on constate l’absence de filières locales de matériaux biosourcés. Constat tempéré par l’annonce dans l’auditoire d’une structuration en cours d’un filière chanvre.

A suivre. Rendez-vous le 21 février pour parler « petit cycle de l’eau ».