Dans cet entretien, découvrez le parcours atypique de Jessy Martin, expert en marketing digital et enseignant à l’ESC Clermont Business School. Comment l’IA transforme-t-elle le paysage de la communication et du marketing ? Quels sont les défis et les opportunités pour les professionnels du secteur ? Première plongée au cœur d’une révolution numérique.
Tu as un parcours atypique. Raconte-nous comment tu es devenu expert en marketing digital
Né près de Clermont-Ferrand, mon parcours scolaire a débuté avec un baccalauréat littéraire. Incertain quant à mon avenir professionnel, j’ai pris une année sabbatique avant de m’inscrire en fac de droit. Après deux ans, je n’ai pas été convaincu et j’ai décidé de me réorienter.
J’ai commencé à travailler comme barman tout en me formant en ligne sur OpenclassRoom. C’est ainsi que j’ai validé une formation diplômante bac +3 avec Digital Campus pour devenir chef de projet digital. J’ai toujours eu une appétence pour le web et le digital. Dès la fac, j’avais déjà créé mon statut d’auto-entrepreneur. Je réalisais des missions de graphisme et de développement de sites web pour des petites associations et des restaurants.
J’étais conscient de la nécessité de redoubler d’efforts en raison de mon parcours non conventionnel. A la fin de ma formation, j’ai eu la chance d’intégrer l’agence Start-it Up pour un stage de six mois. J’ai été chargé de lancer un nouveau média 100% vidéo, « En Vrai ». Cette expérience m’a ouvert de nouvelles portes et m’a conduit à un poste de social manager à Marseille pour Heyme, une société d’assurance dédiée aux jeunes. Après deux ans et demi, en parallèle d’un bachelor à l’EDHEC et de modules d’enseignement à l’ESC Clermont Business School, je me suis mis à mon compte en 2022. Depuis, je me consacrant entièrement à la communication, au marketing digital et à la formation.
L’intelligence artificielle fait la une de l’actualité dernièrement. On y voit une révolution à double tranchant….
En effet. Je considère l’émergence des solutions basées sur l’intelligence artificielle comme le début d’une nouvelle révolution. Face à cela, il est possible de réagir avec crainte ou d’embrasser les nouvelles opportunités qui s’offrent à nous. En ce qui concerne le monde du digital, je ne pense pas que l’IA va faire disparaitre des métiers. Au contraire, elle permettra de rendre le travail plus efficace et moins stressant.
Nous sommes encore au début de l’IA grand public, mais je constate déjà à quel point elle peut être une aide précieuse au quotidien, en trouvant de l’inspiration, en prérédigeant des contenus et en améliorant la vision stratégique. L’enjeu est désormais d’apprendre à communiquer avec les IA conversationnelles, comme Chat GPT, qui est encore une technologie neuve, accessible à tous.
Pour bien communiquer avec une IA conversationnelle, il est essentiel de lui fournir un contexte précis afin qu’elle comprenne son rôle et la tâche qu’elle doit accomplir. Les résultats sont impressionnants, mais ils ne remplacent pas l’humain. Ils servent plutôt de bases de travail.
Est-ce que l’IA n’est pas une fuite en avant ?
Il est vrai que l’IA rend mon travail plus efficace, mais cela ne signifie pas que je travaille moins. Ma curiosité et ma passion pour mon métier me poussent à consacrer tout mon temps disponible au développement de mon activité. Si l’IA permet de réduire le temps nécessaire à la rédaction d’un article, cela peut soulever des questions sur la valeur du travail et la rémunération. Aujourd’hui, nous sommes rémunérés en fonction du temps que nous passons à réaliser une tâche, et non pour la tâche elle-même.
La question qui se pose alors est de savoir à quoi va servir le temps que l’IA va nécessairement nous dégager. Devons-nous réinvestir ce temps disponible dans de nouvelles missions ou envisager une réduction du temps de travail ? Personnellement, je suis favorable à cette dernière option, mais ce n’est pas le sens de l’Histoire.
Comment forme-t-on des étudiants dans un environnement digital en constante évolution ?
En tant que coordinateur du module créateur et de gestion de communautés web, j’accompagne les étudiants dans un environnement mouvant comme le digital. Je leur présente Chat GPT comme un assistant et insiste sur l’importance de renforcer le fact-checking. Les outils d’IA permettent d’accélérer le processus, mais il revient aux étudiants de faire preuve de créativité et d’originalité.
Pour rassurer les étudiants face à l’incertitude de l’avenir, je leur explique dès le premier cours que les compétences acquises pourraient ne plus être pertinentes d’ici trois ans. Travailler dans la communication et le marketing digital requiert avant tout un état d’esprit. Il faut être curieux, ouvert et constamment informé des nouvelles tendances et innovations.
Je suis convaincu que l’IA permettra d’automatiser une grande partie de la gestion des réseaux sociaux, sans pour autant faire disparaître le métier de community manager. Les fonctions de ce métier évolueront, et les professionnels compétents continueront à se démarquer.
L’IA peut avoir un impact plus important dans certains domaines, comme la gestion de crise, en générant des scénarios de manière objective, sans être influencés par les émotions et le stress.
C’est l’instant carte blanche, quelque chose à ajouter ?
En conclusion, travailler dans la communication ou le marketing digital, c’est accepter l’inconnu et l’incertitude. C’est ce qui rend ce domaine passionnant. Les années à venir offriront de plus en plus de solutions pour résoudre des situations complexes en entreprise. En tant qu’expert du digital, notre rôle est d’expérimenter, d’évaluer et de choisir les outils qui faciliteront nos missions.
Personnellement, j’ai hâte de tester un atelier de design thinking accompagné par de l’intelligence artificielle, qui viendrait challenger les propositions des humains et enrichir leurs réflexions. Je vois l’IA comme un nouveau compagnon de jeu. D’ailleurs, je suis persuadé que d’ici peu, Chat GPT aura une voix et nous entrerons dans une nouvelle dimension.