Compte-tenu du contexte actuel, la politique agricole revient au cœur des débats. Elle nous interroge collectivement sur la place de l’agriculteur dans la transition écologique. Face à une flambée du prix des énergies fossiles et par ricochet, de celles des engrais azotés, les agriculteurs voient leurs marges se réduire.
GRDF et l’ADEME assurent dans un scénario que la France pourrait atteindre 100 % de gaz renouvelables d’ici 2050. Ils y voient une opportunité pour les agriculteurs de diversifier leurs sources de revenus et d’augmenter leur autonomie énergétique.

Ce dossier spécial est sponsorisé par GRDF

80 % des sites de production de biométhane sont d’origine agricole

Pour fabriquer du biogaz, on introduit des biodéchets dans un méthaniseur. Ces derniers sont “digérés” et permettent de produire un gaz vert injectable dans le réseau existant. Ce procédé génère également un digestat qui peut être utilisé comme fertilisant agricole.

La stratégie française pour le déploiement d’unités de biométhanisation a préféré l’option d’un maillage de petites unités sur tout le territoire plutôt que de grosses installations industrielles moins nombreuses.

On compte environ 400 sites de méthanisation en France, dont 80 % d’origine agricole. Installés proche des exploitations, ils permettent à des groupements d’agriculteurs de valoriser leurs effluents d’élevage, leurs résidus de cultures ou les biodéchets des collectivités.

source GRDF

Des projets ambitieux qui doivent se construisent sur plusieurs années

L’installation d’une unité de méthanisation est un processus en plusieurs étapes. Il permet de valider la pertinence du projet. En effet, la qualité de la matière injectée conditionnera le bon fonctionnement et la rentabilité du projet. Par exemple, une tonne de lisier de bovin, c’est-à-dire un mélange d’excréments et d’urines, produit en moyenne 16m3 de biogaz. Avec le fumier de bovin, composé de paille et d’excréments, la production peut atteindre 25m3.

L’installation d’une unité demande un investissement important. Par exemple, à Brioude, la SARL Agri Briva Métha est composée de cinq exploitations en polyculture-élevage. La structure aura mis dix ans pour lancer de manière 100% opérationnelle son unité de biométhanisation. L’investissement total est de 3,8 millions d’euros du Conseil Régional et en fonds propres. Quant à l’ADEME, elle a apporté une subvention à hauteur de 17%. Cette unité permet de couvrir 10% des besoins en gaz de l’agglomération de Brioude, en résidentiel ou industriel.

Ensuite, l’entreprise signe un contrat qui lui permet de revendre le gaz produit. L’arrêté du 23 novembre 2020 réévalue les tarifs d’achats compte-tenu des progrès technologiques des dernières années.

Le digestat pour ne plus dépendre des engrais chimiques

Aujourd’hui, l’agriculture conventionnelle est fortement dépendante aux engrais azotés. Ces engrais de synthèse sont fabriqués à partir d’ammoniac, eux-mêmes issus du gaz naturel. Ils favorisent la croissance des plantes et permettent d’augmenter les rendements agricoles. Pour autant, leurs détracteurs les contestent pour leur impact environnemental négatif.

Le digestat produit dans les unités de méthanisation pourrait remplacer ces engrais chimiques comme fertilisants pour les sols.

Cependant, certains membres du Collectif Scientifique National sur la Méthanisation s’inquiètent du remplacement des effluents, comme le fumier, par du digestat, qui serait moins concentré en carbone.
Pourtant, une étude de l’INRAE a conclu que la baisse de Co2 ne représente que 0,5 % sur une période de 20 ans. La filière est encore jeune et l’étude d’impact sur l’utilisation du digestat se poursuivra dans le temps. A l’heure actuelle, les indicateurs ne montrent pas de différence majeure entre l’épandage et l’utilisation de digestats issus de la méthanisation.

Par ailleurs, la filière développe également d’autres types d’unités de méthanisation sur des sites d’épuration, comme celui du projet “Trois Rivières” à Clermont-Ferrand.

Un équilibre à encadrer pour une économie circulaire vertueuse

Aujourd’hui, il existe une inquiétude de voir des terres agricoles se consacrer uniquement à des cultures destinées à la production de biométhane comme c’est le cas pour le bio-éthanol. En France, la réglementation actuelle limite à 15% le recours à ces cultures. En définitive, le taux de cultures dédiées constaté en France atteindrait 5% d’après les observateurs.

Pour conserver une boucle vertueuse, les acteurs de la filière mise sur la rotation des cultures. En premier lieu, sur les CIVE, les Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique qui sont plantées et récoltées entre deux cultures principales. On peut ensuite les utiliser comme intrants dans les unités de méthanisation. Ainsi, la quasi-totalité des intrants dans le modèle de la méthanisation agricole correspond aux déchets de l’activité agricole.

L’agriculteur acteur de la transition énergétique ?

La prise de conscience s’accélère sur la nécessité de transformer les modèles pour répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux. La filière de la méthanisation, bien que mature, poursuit un travail de R&D et d’expérimentations pour ancrer le gaz vert au cœur des dynamiques territoriales.

Autrement dit, dans cette approche, l’agriculteur, producteur d’énergie verte locale, pourrait devenir un maillon essentiel pour recréer un lien fort entre le rural et l’urbain.

En vidéo : Visite d’une unité de biométhanisation

Les étudiants de l’ESC Clermont Business School se sont rendus sur le site d’Agri Briva Métha à Brioude en Haute-Loire. Le temps d’une matinée, ils ont pu découvrir le fonctionnement de l’unité et l’organisation territoriale déployée pour faire fonctionner l’installation la plus efficacement possible.

De plus en plus d’établissements de l’enseignement supérieur sont conscients de la nécessité de faire monter en compétences leurs étudiants sur les sujets de la transition écologique.

Avec les nouvelles réglementations qui entrent en vigueur, les entreprises sont contraintes de réduire leur impact environnemental. De nouveaux métiers voient le jour dans les organisations, et ce sont bien les jeunes générations qui auront la responsabilité de mettre en œuvre ces stratégies de transition.

Vidéo Agri Briva Métha à Brioude : unité de production de gaz vert