Le Centre d’Innovations Sociales Clermont Auvergne ( CISCA) est un « objet atypique ». S’il a pu être difficile à cerner, pour le commun des mortels, c’est sans doute parce qu’il termine sa phase de pré-programme. Une phase expérimentale en quelques sortes,  qui a permis de mobiliser les premiers partenaires, d’expérimenter les approches, de structurer de premiers outils… Pour lancer, dans le cadre de l’AG du 9 novembre, un programme « Transitions & Résiliences » qui clarifie l’ambition de cet organisme original. Et constituera la base du contrat entre CISCA et ses futurs adhérents.

Mathias Bernard, Président de l’Université Clermont Auvergne (UCA), est l’un des trois co-présidents du CISCA. Pour introduire son propos, il rappelle la posture d’interface entre les mondes académique, socioéconomique et des collectivités.  Pour ‘l’Université territoriale d’excellence’ cela peut contribuer à l’ouvrir à des TPE, PME, petites collectivités, associations…. En effet, si les collectivités et les grands groupes ont généralement structuré leur organisation et leurs interactions avec la recherche universitaire, ce n’est pas le cas des plus petites structures  …  Or, ces acteurs ont également des besoins non couverts auxquels l’université pourrait contribuer à répondre.

Une posture d’interface originale

Pour M Bernard toujours, le CISCA impulse une autre façon de travailler avec le territoire. Notamment avec cette  ambition du « transfert ». On connait bien les enjeux de transfert technologique. Là, il s’agit d’inventer les conditions d’un transfert de l’innovation sociale qui permette l’appropriation par les acteurs locaux. Cette ambition s’incarne notamment par le travail réalisé par les doctorants dans une grande diversité de disciplines et de labos: économie, Sciences sociales, Géographie, Architecture, Management…

Geoffrey Volat, son directeur, retrace l’évolution du projet CISCA. Il montre comment d’une ambition d’innovation sociale au service des enjeux climatiques se sont imposées les notions de transition, puis, relativement au contexte sanitaire, de résilience. Evoquant la phase de pré-programme, il insiste sur la nécessité de cette étape pour s’aligner sur la compréhension des mots et des concepts. Mais également de rendre intelligible et concrète ce que peut être une démarche de R&D, de recherche-action, …

Thiers, Cournon, Gerzat, Clermont Métropole… Ce sont ces collectivités « pionnières » et les premiers acteurs socioéconomiques qui ont contribué à expérimenter la méthodologie CISCA. En faisant émerger leurs problématiques et leurs besoins puis en les rapprochant des compétences des laboratoires de l’UCA. Les projets de thèses de doctorat -ou d’autres formes de collaborations- qui se formalisent aujourd’hui en sont le fruit. 

Une première phase … exploratoire.

Nicolas Duracka, initiateur du projet, en est aujourd’hui le responsable scientifique. Pour lui, cet engagement de la première heure de collectivités a rendu efficace cette phase d’analyse et d’expérimentation. Nourrie notamment des nombreux ateliers pour appréhender collectivement ce qu’est le changement climatique et ce qu’il produit sur les territoires. L’un des premiers résultats est une sorte de modélisation des grands enjeux partagés par les acteurs.

Leviers de transformation : quels indicateurs ?

6 grands indicateurs se détachent de l’analyse méta réalisée par Nicolas Duracka.

  • L’analyse du niveau de connaissance des acteurs.

C’est le premier enjeu à partager avec les partenaires de CISCA. La mise à disposition d’un ‘haut niveau d’information’ sur les enjeux du dérèglement climatique. L’enrichir et le partager pour accroitre les capacités à se projeter et à construire des ‘imaginaires’ du futur.

  • La capacité des organisations à s’emparer des sujets de transition.

Clermont, Cournon, Gerzat notamment, s’intéressent beaucoup à cette question de transformation de leur organisation. Leur enjeu : être mieux adaptées aux enjeux à venir.

Les thèses :

  • Thimothy Marcroft: Stratégie d’engagement citoyen dans la transition énergétique à l’échelle d’un territoire. Avec Mond’Arverne et Labo CERDI
  • Victoria Mure- Ravaud Stratégie d’engagement citoyen dans la transition énergétique à l’échelle d’un territoire. Avec Département du Puy-de-Dome et Labo Ressources
  • Anaïs Bodino, Approche communicationnelle de la démocratie participative: une étude expérimentale du projet d’administration de la ville de Clermont-Ferrand. Avec Clermont-Ferrand et Labo Communication et Sociétés.
  • Le cadre légal des actions menées sur les organisations du territoire

Certaines lois ont tendance à être sous utilisées à bon escient, voire  complètement absentes des actions des collectivités. Nombre de communes ne sont pas à jour de leur cadre légal pour être dans une dynamique de transition… Il y a donc tout un travail à mener sur ce champ.

  •  La transformation des modèle économiques des territoires

Un travail notamment engagé avec Clermont Métropole sur la relocalisation de filières économiques pour être plus adapté en cas de crise.

Les thèses:

  • Louisa Fonlupt : Les industries culturelles et créatives au coeur de la résilience des territoires. Une lecture managériale des politiques publiques territoriales. Avec Clermont Auvergne Métropole & Labo  CleRMa.

 

  • La capacité de coopération des acteurs

La coopération pose la question de la démocratie participative, de la place de la construction de réseaux. L’un des exemples est celui des réseaux autour de la sécurité alimentaire et des dynamiques alimentaires avec le Projet Alimentaire de Territoire (PAT) du Grand Clermont qui fait l’objet d’une thèse.

Les thèses:

  • Clémence Rebourg: Accessibilité sociale de l’alimentation et intégration dans les politiques alimentaires territoriales. Etude sur la PAT du Grand Clermont. Avec Agence d’Urbanisme et labo Territoires.
  • Thibault Boiseau: Education à l’alimentation et à l’agriculture urbaine. Avec Landestini et labo Acté-Lapsco
  • Flavia Lana Faria Da Veiga, Comment la transition récréative alimente la résilience d’un territoire de moyenne montagne dans un contexte de dérèglement climatique? Avec la Com Com du Massif du Sancy, Labo PACTE/ClerRMa
  • Morgane Dovergne, Accompagnement aux changements de comportements alimentaires. Avec CRESNA, Labo en cours
  • Enfin, un travail sur les inégalités sociales et socio territoriales.

En effet, il n’y aura pas de transition sans justice sociale, difficile à activer à l’échelle territoriale. En revanche, la notion de justice socioterritoriale est, elle, plus directement activable.

Les thèses:

  • Coralie Marbeuf : La construction de sens dans les politiques de revitalisation. Les « scènes locales » de Petites Villes de de Demain. St Eloy les Mines et le laboratoire Territoires.
  • Léo Perrez: Entrepreneuriat social et dynamiques collectives en milieu rural. Avec Cocoshaker. Labo en cours

Une double dynamique

Cette première analyse constitue une boussole, permettant d’engager un travail de fond avec les acteurs engagés. Les acteurs  engagés peuvent l’être dans une double dynamique ; celle de la transition à petit pas mais aussi en parallèle, celle du questionnement sur la capacité d’adaptation aux chocs et aux crises. Et aussi, et c’est l’un des fondements de la mission du CISCA, partager et rendre accessible à tout un chacun ce travail collectif de nombre de chercheurs et d’acteurs du territoire. Contribuer à  faire dialoguer ces différents travaux, décloisonner les connaissances et enfin mettre en perspectives les enjeux pour pouvoir y travailler ensemble.

Etape 2 Le programme Transitions & Résiliences

Aujourd’hui, ce sont dix sujets de thèses qui sont lancées ou en cours de finalisation. Elles étaient présentées en amont de l’Assemblée Générale sous forme de posters réalisés par Pierre Friedrich au talent indéniable pour rendre intelligible et synthétique n’importe quel sujet. Elles marquent le top départ du programme Transitions & Résiliences qui matérialise le projet du CISCA pour les 4 prochaines années.

 

L’enjeu principal demeure de conduire de projets de R&D appliquée aux enjeux des territoires, d’en extraire des outils concrets mobilisables sur les projets : des matrices, des boussole, des guides de bonnes pratiques, …

Dans cette philosophie d’intermédiation entre les 3 profils d’acteurs, l’enjeu principal du CISCA demeure d’être en capacité de transférer l’innovation sociale pour qu’elle soit assimilable par toutes et tous, que les connaissances produites soient à disposition dans une logique de R&D territoriale, pour servir les besoins des acteurs de territoires, dans une logique de réciprocité.

 

Pour Marion Canales, élue à la Ville de Clermont et à la Métropole, également Co Présidente, CISCA passe un cap.

« Après  3 ans d’existence, le programme Transitions & Résiliences constitue une nouvelle étape pour outiller les collectivités dans la mise en oeuvre des solutions efficaces pour des territoires plus harmonieux et plus résilients ».

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