Céline Plagne, est chargée de la l’animation du pôle AXELERA sur l’ex-Région Auvergne. En cette rentrée, de nombreux secteurs d’activités s’emparent du sujet de l’impact négatif de leurs activités. Pour le pôle AXELERA, les enjeux environnementaux sont au coeur même de leur stratégie. Découvrez comment l’équipe d’AXELERA accompagne les industriels dans leur nécessaire transformation.

Bonjour Céline, avant de parler environnement et industrie, on aimerait en savoir un peu plus sur vous. Vous avez intégré le pôle AXELERA, il y a quelques mois. Que faisiez-vous avant ? Racontez-nous votre parcours ?

Céline Plagne : J’ai grandi à la campagne dans le Forez, à proximité d’Ambert, dans une famille d’agriculteurs. J’ai toujours eu une sensibilité particulière à l’environnement.
Après un DEUG à Saint-Etienne, Sciences de la Vie et de la Terre, j’ai choisi l’option environnement, avant de poursuivre sur une maîtrise et un DESS science de l’environnement. A cette époque, il y avait peu d’étudiants qui choisissaient cette voie. On commençait à peine à parler de l’environnement il y a 20 ans. Aujourd’hui tout a changé, la prise de conscience de la préservation des ressources s’est généralisée.

Mon premier poste était au sein du groupe SUEZ sur la dépollution. Je faisais des études pour déterminer si tel ou tel site était pollué et quelles actions à mettre en place. Ces actions étaient perçues comme une contrainte, c’était un coût et non pas un investissement. Après 6 ans chez Suez, j’ai fait de la conduite de travaux sur des projets de dépollution de terres ou de nappes phréatiques dans le Sud de la France.

A quel moment et pourquoi est-ce que vous décidez de revenir en Auvergne ?

J’ai décidé de retourner sur mes terres natales où j’ai intégré le groupe Eiffage. Quelque temps après, on m’a proposé l’animation du pôle de compétitivité AXELERA côté ex-Auvergne. J’ai trouvé que c’était une belle opportunité de continuer à travailler sur des sujets environnementaux, mais sous un autre axe.

Est-ce que vous pouvez pitcher AXELERA?

Céline Plagne : AXELERA c’est LE pôle de compétitivité de référence des filières chimie et environnement, créé il y a plus de 15 ans. Cette combinaison de la chimie et de l’environnement est inscrite dans l’ADN du pôle. Aujourd’hui, comme hier, sa raison d’être est de servir ces deux écosystèmes, de réunir et de faire travailler ensemble des entreprises, des académiques et des collectivités territoriales.

AXELERA, c’est la volonté de créer une communauté chimie-environnement qui intègre des entreprises et des organismes de recherche pour faire émerger des projets innovants.

Quel est votre rôle au sein du pôle ?

Au sein du pôle, nous avons une vision du développement de la filière à long terme. J’accompagne des entreprises dans leur croissance et la mise en œuvre de projets innovants. À travers ce pôle, je reste en lien avec l’environnement, un sujet qui me passionne, et ça me permet de travailler sur mon territoire, d’aider à mettre en place des initiatives. L’action concrète, c’est vraiment quelque chose d’important pour moi.

Je suis chargée d’animer la communauté auvergnate du pôle, ce qui représente une trentaine d’acteurs. En revanche, ça ne signifie pas que l’on reste en vase clos, on ne cloisonne pas. On crée des ponts entre les adhérents des deux ex-régions. Pourtant, il est également important de ne pas omettre les spécificités de chaque territoire, d’identifier les besoins, et d’adapter les réponses en fonction.

On entend de plus en plus parler d’impact. Est-ce que vous utilisez le terme Impact pour parler des sujets environnementaux ?

L’impact, c’est le triptyque People, Planet, Profit. Chez AXELERA , on se concentre principalement sur le volet écologique et environnemental.

Nous travaillons autour de 5 axes stratégiques :

  • Matières premières renouvelables : matériaux biosourcés 
  • Usine éco-efficiente : efficacité énergétique
  • Matériaux et produits : nouveaux matériaux émergents pour les filières industrielles
  • Environnement : valorisation des déchets et sous-produits et économie circulaire
  • Préservation et restauration des réserves naturelles : traitement de l’air, traitement de l’eau, dépollution des sols

Autour de ces 5 axes gravitent 3 axes transversaux : l’éco-conception, le numérique et la circularité. Ces cinq axes peuvent contribuer à diminuer l’empreinte carbone des entreprises. La décarbonation des entreprises étant un enjeu majeur pour les acteurs économiques du territoire.

Il y a donc une prise de conscience dans les industries de leur impact écologique et des externalités négatives qu’elles produisent ? 

Céline Plagne : On sent une vraie volonté d’avancer sur ces sujets au sein du réseau. Il y a quelques années, d’une manière générale, on était encore sur de la sensibilisation. Aujourd’hui, un virage est en train de s’opérer et la RSE prend de plus en plus de place.

Les entreprises et les industriels ont une approche plus générale. D’un côté, il y a les contraintes réglementaires qui poussent certains sujets, et de l’autre, des entreprises qui saisissent l’opportunité de s’interroger sur leur impact global et d’en faire un moteur.

Quelles sont les contraintes réglementaires que vous mentionnez ?

L’UE vise la neutralité carbone en 2050 et la réduction de 55 % des gaz à effet de serre d’ici 2030. Ce Pacte Vert à des conséquences sur les activités des industriels. Ils doivent mettre en place des initiatives. 

Il est important de penser à la pérennité de l’entreprise. Si certaines ne revoient pas leurs modèles, à un moment, elles vont disparaître. Il faut dès aujourd’hui entamer une transition pour trouver de nouvelle manière de travailler et de produire pour que ce soit économiquement viable. 2030, c’est demain.

Est-ce que vous avez un exemple concret d’une initiative locale pour accompagner cette transition ?

Oui. Le pôle est en lien avec un certain nombre de PME et nous travaillons à petite échelle sur des sujets autour de l’économie circulaire. Nous travaillons notamment en tant que partenaire de RLV et MACEO sur le label ECO-RES’PEER, qui est en cours de déploiement sur le Biopole de Clermont-Limagne. 
Ce label a déjà été déployé sur la ZAE du Parc Européen des entreprises de Riom. Les entreprises se sont engagées dans une démarche éco responsable et de sobriété énergétique. Elles vont travailler sur la gestion des déchets et des ressources, avec comme objectif de passer d’une économie linéaire à une économie circulaire.

L’intérêt de ce type de démarche collaborative, c’est qu’elle embarque un groupe d’entreprises avec des niveaux de sensibilité divers sur ces sujets.

Qu’en est-il de vos adhérents, sur quels secteurs sont-ils en train d’innover ?

Céline Plagne : Au sein d’AXELERA , je m’occupe d’un service très spécifique. Ce que l’on nomme “des appels à solutions ». Un acteur a un problème, il le partage dans le réseau, et ensuite des prestataires peuvent répondre. C’est ce qui nous permet de bien comprendre les enjeux et les problématiques actuelles. 

Par exemple, on a eu une demande hors réseau. En Haute-Savoie, une entreprise industrielle dégage de la vapeur d’eau qui visuellement ressemble à un gros nuage blanc.. La collectivité et l’entreprise cherchent ensemble des solutions. On réfléchit aux possibilités de limiter l’impact visuel tout en visant l’objectif de décarbonation (optimisation et efficacité énergétique via de nouvelles installations).

Il y a vraiment une thématique importante autour de la chimie verte et des biotechnologies. Nous avons des prestataires qui font du traitement d’air et d’eau, des dépollueurs, et d’autres spécialisés dans la reconversion des friches industrielles. Grâce à leurs expertises individuelles ou combinées, on peut arriver à des innovations très intéressantes.

Et donc quels sont les prochains chantiers ? 

Tout d’abord, certains sujets sont transverses à différents pôles de compétitivité. On essaye d’élargir le champ des réseaux pour pouvoir à terme proposer une solution globale.

Nous sommes partenaires de la Coop BTP du 15 au 19 novembre, un événement consacré au BTP sur le sujet de l’économie circulaire et des solutions innovantes dans le secteur du BTP.

Dans la tête de Céline Plagne

Ta définition de l’innovation : « la clé » pour se différencier et rester compétitif
Une belle idée de start-up : innovation de rupture dans la chimie verte (Afyren en 2012 : production de biomolécules issues de la revalorisation de biomasse non alimentaire)
La start-up qui monte : Capillum, start-up auvergnate, qui récupère et valorise les cheveux
Où est-ce que tu vas à la pêche à l’info : Dans les networkings, rencontres et échanges qui sont une vraie richesse. Cela permet de tisser des liens et de dessiner une « toile » avec de nouveaux contacts à aller voir à l’issue des échanges.
Une recommandation pour s’instruire (livre, podcast, magazine, série) : Persépolis de Marjane Satrapi
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L’Auvergnat.e d’ici ou d’ailleurs avec qui tu aimerais bien boire un coup : Fanny Agostini pour son retour aux sources « en Auvergne »